Pauvres et marginaux dans la société française


Roger Bertaux, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1994, 379p. (réédité à L’Harmattan, 1996)

De quelle logique relèvent les modes de prise en charge des pauvres et des marginaux dans notre société ? Faut-il y voir l’effet d’une volonté humanitaire s’exerçant à l’égard de ceux qui souffrent ? Faut-il y voir tout au contraire l’effet d’une domination exercée par les appareils d’Etat ou par des élites dirigeantes ? Cet ouvrage tente de dépasser le caractère réducteur de ces explications et de trouver dans la sociologie de l’action des outils d’analyse appropriés pour saisir la complexité des modes d’administration des pauvres et des marginaux. Après avoir fondé théoriquement cette approche, l’auteur propose une lecture sociologique des formes historiques successives que cette administration a revêtues en France depuis les temps féodaux. Il met ainsi en évidence des logiques différentes – marquées par la proximité ou par la distance avec les pauvres et les marginaux –, s’exprimant dans des registres multiples – du religieux au politique, en passant par l’humanitaire et l’économique –, fruit des interactions conflictuelles entre les groupes sociaux principaux de chaque type de société. L’administration des marges de la société, loin d’être elle-même marginale, pose en effet aux acteurs sociaux des questions centrales sur la distribution des ressources, sur la répartition du travail et sur les modalités de l’intégration sociale, mobilisant de manière conflictuelle les acteurs sociaux.