Education populaire, territoires ruraux et développement


Marie-Christine Bastien, Sylvain Bernardi, Roger Bertaux, Paris, L’Harmattan, 2004, 246p. Préface de Michel Dinet, président du Conseil Général de Meurthe et Moselle. Postface de Maurice Blanc, professeur de sociologie à l’université de Strasbourg

Dans nombre de secteurs d’activité, les processus multiples de décentralisation qui se succèdent depuis 20 ans contribuent à transformer les pouvoirs des institutions et des acteurs, et ainsi à changer profondément les rapports qu’ils entretiennent entre eux. C’est le cas dans le domaine de l’action sociale, mais aussi dans celui de l’éducation populaire pour ce qui concerne ses relations avec les structures intercommunales. Cette question est abordée dans cet ouvrage à partir de l’étude de six pays lorrains situés en milieu rural. Le regroupement des communes permet à l’évidence une meilleure mobilisation des moyens financiers, matériels et humains disponibles et la synergie ainsi obtenue a l’effet d’un coefficient multiplicateur sur ledéveloppement rural. Pour autant cette nouvelle position de force des structures intercommunales les place dans un rapport de maître d’ouvrage à maître d’oeuvre dans les relations avec l’éducation populaire, plus généralement avec la vie associative, obligeant les fédérations à des révisions douloureuses, tant en termes d’identité qu’en termes de stratégie et de développement d’activités.

Cette tendance partout observée doit cependant être nuancée par la prise en compte de chaque situation locale. L’histoire passée, la manière dont s’est construite l’intercommunalité, mais aussi dont se sont développées les structures locales d’éducation populaire, influent sensiblement sur les rapports présents. On peut ainsi distinguer différents types de relations : relations de coopération consensuelle ou conflictuelle, relations de subordination intériorisée ou dénoncée, développement parallèle et indépendant de chaque type de structures.

Quoi qu’il en soit de ces nuances, les fédérations d’éducation populaire se voient partout contraintes de revisiter leurs positionnements, dans des interrogations complexes qui mettent en jeu d’une part les idéaux liés à une origine aujourd’hui assez lointaine mais toujours bien présente dans les esprits, et d’autre part un principe de réalité qui oblige à des évolutions et à des compromis.